Autant le dire, sans détour, sans faux semblant. Nous sommes en colères, véritablement, furieusement! Parce que du côté de Villeneuve sur Lot, ce dimanche, la gauche, dans son ensemble, a démontré une impuissance réelle à parer le feu du front national, à minimiser la flamme que ce parti xénophobe repend et entretient sans fin. Et nous évoquons bien toute la gauche, pas uniquement la sociale libérale. Elle a bien une responsabilité indéniable dans cette persistance frontiste. A force de jouer avec le libéralisme le plus féroce, de briser des vies par milliers chaque jour au nom d’une règle d’or qui fait de nos existences une misère, le nationalisme et le simplisme gagnent les esprits, ou pour le moins ne quittent pas celui de celles et ceux qui en étaient déjà atteints. Mais autant le dire tout net. Il existe dans ce parti social libéral des militants qui ne sont pas un seul instant des libéraux. Encore ce samedi, ils ont obtenu que leurs voix soit reconnues, des voix par milliers, pour demander une autre Europe, une autre politique, une autre orientation que celle qui consiste à faire triompher les arguments de l‘héritière d’un trône, celui légué par un père borgne bien plus de l’esprit que de l’œil qu’il a cinglant.
Il nous faut retrouver l’unité des gauches socialistes, écologiques et favorables à la 6e République d’urgence pour mener un véritable front contre le front. Aussi, au Parti de Gauche, dans lequel nous militons activement et auquel nous croyons sans faille, nous devons regarder autrement ces militants que nous estimons trop roses, trop verts mais pas assez rouges. Il ne suffit plus, pour les distinguer et éviter d’irrémédiablement les perdre pour la gauche, d’évoquer les solfériniens. Il devient indispensable de jeter les ponts entre eux et nous, entre nous et eux. Car, sur l’Europe nous convergeons. Sur l’écosocialisme nous convergeons, même s’ils ne sont pas encore familiers du terme. Sur les institutions nous convergeons. Eva Joly a eu ce courage de nous rejoindre le 5 mai dernier, Marie Noëlle Lienemann, Emmanuel Maurel, Gérard Filoche… doivent avoir le même. Mais s’il le faut, nous autres, les rouges, devons avoir le courage de les inviter, sincèrement. Car la bataille ultime du rouge, la couleur qu’il ne peut supporter, qu’il ne peut tolérer c’est le brun. Ne nous y trompons pas!
Chaque jour qui passe depuis le 21 avril renforce notre conviction militante. C’est ce jour qui nous a transformé en ardent défenseur du socialisme écologique, de l’écologie socialiste. Car nous savions qu’il ne pouvait y avoir d’autres réponses au brun barbare et sauvage. Nous avions définitivement compris comment le libéralisme engendrerait encore et encore des nuits de cristal en veux tu en voilà. Le libéralisme, l’ennemi caché derrière le fascisme qui rampe faisant mine de le servir pour l’asservir aussitôt. Ce libéralisme qui ne voit que son intérêt, surtout de court terme et ne comprend jamais sa faille totalitaire. Hollande est libéral, Ayrault est libéral, Moscovici est libéral, Sapin est libéral…Mais il y en a tant d’autres qui ne le sont pas dans ce PS devenu repoussoir. Il y en a beaucoup, qui, comme nous, souffrent de voir la gauche entière entrainée dans le sillage de la faillite des libéraux sociaux du Parti Social Libéral. Car pour le Français, la Française, qui travaillent ou qui pointent à pôle emploi, qui ne savent plus comment payer la cantine, l’edf, le pass Navigo, c’est la gauche qui a gagné le 6 mai 2012, c’est la gauche qui est en faillite le 17 juin 2013, toute la gauche. Les militants structurés de gauche que nous sommes faisons bien la différence entre les gauches et en particuliers celle qui ne l’est véritablement plus du côté de Solférino. Justement parce que nous sommes des militants structurés qui comprenons du premier coup ANI ou TSCG, ces sigles de spécialistes. Mais tous ne sont pas des spécialistes de la politique et de ses courants. Tous, en revanche, veulent que leurs vies changent, qu’elles s’améliorent.
Il est impératif de montrer que Solférino n’est pas la gauche, que la gauche n’est pas Solférino. Il est donc impératif de ne pas faire d’un Xavier, un militant si réel, d’un Pascal, un ami cher, d’une Soumia, une contradictrice solide, d’un Lionel aujourd’hui bien discret et encore moins d’une Sophie, une épouse patiente, des ennemis de classe au seul motif qu’ils n’envisagent pas encore faire ce pas de côté, à gauche, identique à celui que nous faisions le 17 octobre 2011. Ils ne sont pas nos ennemis de classe! Tout comme il est impératif qu’ils cessent de nous voir, nous autres du Front de Gauche, comme des sectaires aux pratiques militantes dépassées. Nous savons qu’ils sont venus le 5 mai manifester pour une 6e République. Nous savons qu’ils se sont battus fièrement pour que Solférino ne leur vole pas une victoire sur l’Europe. Certes modeste la victoire, mais victoire quand même. Tout comme nous savons leur souffrance à venir sur la question des retraites et comment ils cesseront d’aller sur les marchés militer afin de ne pas avoir à défendre l’indéfendable. Surtout, nous savons le choc qui a été le leur ce dimanche 17 juin au soir. Eux, comme nous et nous, comme eux, avons compris qu’il nous fallait montrer qu’Hollande n’est pas la gauche, que la gauche n’est pas Hollande.
Osons maintenant, osons braver les convenances et les barrières qu’une simple carte d’adhésion réussit à ériger. En face ils n’hésiteront pas, même un instant fugace, à déferler en fauves brunis contre la république, ses principes et sa démocratie. Tissons le lien d’une gauche qui réapprend à militer pour le socialisme écologique, pour le rouge et le vert et certainement contre le brun. Xavier, Pascal, Soumia, Lionel un verre quand vous voulez. Venez à nos réunions, nous viendrons aux vôtres. Sophie, poursuivons nos débats qui amusent si souvent nos enfants au pont de les voir nous moquer. Tous ensemble nous nous disputerons, nous nous emporterons. Mais vous n’êtes certainement pas et ne serez jamais nos ennemis. A Solférino, les salopars il y en a, vous n’en êtes définitivement pas! Et ce sera un moyen parmi d’autres de montrer que ce n’est pas la gauche qui imite aujourd’hui une droite sarkozyste qui imitait hier une droite lepéniste, mais quelques libéraux rosis par le plaisir d’occuper un palais.
Sydne93
